Marathon du Médoc


Le Rêve donc, celui qui nous avait fait demander des bulletins d'inscriptions très tôt, qui nous avait fait établir un plan de réponse d'urgence, certificats médicaux flambants neufs et prêts à l'envoi, chèques en blanc et tremblements pour chaque demi-journée perdue, qui nous avait nourri d'angoisse à l'idée d'être refoulés. Le Rêve alors qui devenait promesse lors de la réception du Permis de courir. Le Rêve encore qui nous a poussé à imaginer les déguisements les plus farfelus jusqu'à l'idée finale et ses multiples déclinaisons qui ont conduit à l'élaboration de la mascotte jaune et à l'organisation répétée de son élévation. Le Rêve enfin, qui nous a conduit sur place par un beau soleil d'été, par routes et bateaux, dans une oasis de calme munie d'un piscine largement appréciée au terme du voyage. Le Rêve surtout qui fut touché, respiré et savouré lorsqu'après le rite initiatique de gonflage de ballons jaunes, nous fumes immergés dans la foule des coureurs déguisés qui remplissaient les quais de Pauillac, tous aussi émerveillés que nous de cette atmosphère de fête, prélude à de nombreuses heures de plaisir au milieu des vignes et au travers des parc des châteaux. Le Marathon du Médoc, la seule course où l'objectif est de profiter le plus longtemps possible des joies du parcours.

Nous avons tenu 5h30 et aurions du faire plus. Nous étions treize coureurs dont quelques débutants du Marathon, supportés par quatorze afficionados de la course et des grands vins de Bordeaux qui nous rejoignaient le long du parcours. Impossible de nous perdre, la mascotte jaune aux couleurs du JDM (merci Arlette) flottant au dessus de nos têtes (en tous cas jusqu'au semi-marathon), et nos ballons individuels ballottants au dessus des vignes, ne nous laissaient aucune chance de passer inaperçus. Cette mascotte que nous nous étions refusés de qualifier fut tour à tour considérée par le public comme une saucisse, un préservatif ou une chenille. Une petite fille s'est d'ailleurs exclamée en la voyant : "regardez la chenille, cela fera un joli papillon à l'arrivée".

Mais le marathon du Médoc, c'est aussi l'effort de la course à pied, la fatigue des kilomètres accumulés et l'incessante obligation de casser son rythme : on nous proposait 17 points de dégustation de vins locaux au détour de belles demeures dont certaines s'appelaient Château Beychevelle, Château Gruaud-Larose, Château Pontet-Canet, Château Lafite-Rothschild, Château Haut-Marbuzet (quelques bouteilles de 1986 et 1987 y furent ouvertes), Marquis de Saint-Estèphe et beaucoup d'autres. 55 Châteaux avaient ouverts leurs parcs au parcours du marathon, endroits privilégiés offerts à 8000 coureurs émerveillés.

Hélas, le marathon du Médoc ne passe pas à Margaux. A quand les 100 km du Médoc ? Nous avons quand même du faire honneur aux ravitaillements classiques afin de ne pas succomber sous le soleil agréablement discret le matin, mais bien présent l'après-midi. Le 38ème km fut l'occasion de goûter quelques huîtres, le 39ème l'entrecôte locale et la fin du parcours de savourer encore un fois l'ambiance originale et festive grâce notamment à une foule de spectateurs omniprésents sur tout le trajet. Nous avons lâché tous les ballons à l'arrivée et avons continué à profiter jusqu'au lendemain de la fête, de la région et du beau temps. Médoc, ton marathon, nous y reviendrons !