Par Yves Langard
L'office du Tourisme de Valmeinier organisait en ce 19 Août la seconde édition de la "Colonium". C'est une course de montagne de seconde catégorie, qui présente un dénivelé de 1200m, sur une distance de 15 km environ. Elle démarre à St Michel de Maurienne à 700m d'altitude et finit à Valmeinier 1800. Elle reprend le parcours utilisé autrefois quotidiennement par les Valmineux qui travaillaient à l'usine, une descente rapide le matin, mais une longue remontée rendue parfois difficile par l'accumulation de la neige.
Un peu de géographie, pour ceux dont les Alpes ne sont que souvenirs d'école. A St Michel de Maurienne* démarre la montée sur 12km rendue célèbre par le Tour de France cycliste du col du Télégraphe - 1566m (La route se poursuit vers Valloire et attaque ensuite la terrible montée du Galibier - 2700m). A 3km du sommet du Télégraphe, une bifurcation permet d'atteindre les villages de Valmeinier 1500 et 1800. La Colonium n'empreinte pas la route du Télégraphe ; son tracé longe une longue et imposante colonne, une conduite forcée qui achemine l'eau de Valmeinier. Il permet de découvrir les sympatiques hameaux de Valmeinier qui en compte 12 au total dont les Combes, les Mélèzes et les Déserts.
9H00 ce dimanche matin 19 août. Un orage a rafraichi l'atmosphère dans la nuit. Le chemin risque d'être un peu glissant. J'ai chaussé des trails, ce qui ne m'empêchera pas de glisser sur quelques pierres.
Les premiers kilomètres s'annoncent des plus ardus : Verticale jusqu'au Combes, avant de traverser Valmeinier 1500 puis de remonter au Plan d'eau et Mathoset par la rive gauche de la Neuvache.
A 8H30 a eu lieu le départ des marcheurs. Pour eux, la distance sera de 11km ; ils ne font pas la boucle de Mathoset.
Sur la zone de départ, c'est l'occasion de rencontres. Je fais là la connaissance du docteur Jean-Michel Perroux, rhumatologue à la Pitié, recordman de participation en temps que français au Marathon de New-York ; tous les ans, il s'y réserve une semaine de congé. Peut-être certain d'entre vous l'ont déjà rencontré. Il m'a dit avoir participé à l'époque au 1500m avec Jazy. Il a participé à de nombreux Trails, dont le Bélier et la terrible montée de Beauregard (certains connaissent ?).
Ca y est, le départ est donné, sans banderole ni ligne blanche,
en face du café passé le pont qui enjambe l'Arc. Nous sommes là
une trentaine de coureurs. Le passage sous l'Autoroute est déjà
en montée. Immédiatement, nous tournons et quittons la route du
Télégraphe, pour aborder rapidement un sentier qui va grimper
en verticale : pente de 15 à 20% sur 2 à 3 km. Je sais par avance
que je devrai marcher et c'est en effet le cas après 100m, tellement
le cur monte rapidement en régime. Les premiers sont déjà
perdus de vue. Il n'y a pas plus de 5 coureurs derrière moi, dont Perroux.
Lui est là comme moi, pour le fun dont le temps ne comptera pas, même
si on ne trainera pas en chemin.
Même en marchant la montée se fait à allure très
rapide. Perroux me dira après qu'il a du ralentir sa marche. Après
200m, je rejoins 2 jeunes femmes parties devant. L'une d'elles va rester avec
moi. On finira la course ensemble. Ces courses en montagne sont parfois l'occasion
de rencontres sympathiques. Elle vient de Lille, avec son mari et 2 cousins,
loin devant. Elle a les mêmes références que moi sur Semi,
nous sommes du même niveau. Il ne s'agit pas à notre niveau et
dans ce type de course de chercher à se distancer : elle est contente
de rester avec moi, car elle ne connaît pas le parcours : il est vrai
que parfois, il y a de quoi se tromper, ce qui est le cas de certains : au Combes,
un coureur nous rattrape, il va visiblement plus vite que nous, surprenant!
Nous passant, il dit s'être trompé de chemin dans la montée!
Ma compagne d'une course apprécie comme moi le paysage : flore, chalets de montagne, montagnes lointaines enneigées, torrents. Les ravitaillements sont l'occasion de rencontrer les gens du pays. Passé les Combes, on peut courir un peu sur une petite route, cela délasse les jambes ! Mais de nouveau, un chemin au dela de 15%. On longe la colonne qui nous fait entrevoir le dénivellé.
Arrivé au niveau de Valmeinier 1500, la verticale est finie, nous sommes bien chauds et la pente de 5% environ est appréciée! Après le ravitaillement, une descente sur quelques centaines de mètres est un vrai bonheur, mais tout a une fin, nous revoilà en montée. Sur le versant opposé, nous appercevons Valmeinier 1800, notre point d'arrivée. A vol d'oiseau, quelques centaines de mètres, mais plus de 5 km sur le terrain car il faut aller loin dans le vallon jusqu'au lieu dit Mathoset, afin de traverser le torrent. Nous attaquons bientôt un chemin de chèvre : là, c'est du vrai trail, super! De l'autre coté du versant, déjà sur le retour, un coureur fait des grands signes à ma compagne, c'est son cousin. Mais attention, il faut regarder où l'on met les pieds. Par deux fois, elle chute, mais rien de bien méchant.
Le retour sur l'autre versant est agréable car en descente. Certains
passages caillouteux nécessitent une grande attention. Il est important
d'avoir gardé suffisamment de réserve dans les montées
pour aborder les descentes avec vigilance pour sauter de pierre en pierre. Mais
la descente ne dure pas plus d'un kilomètre. On aborde le final sur Valmeinier
1800. On a retrouvé un chemin carrosable puis une route. La montée
est dure et ma compagne est passée devant. J'ai du mal à la suivre
mais je m'accroche. Je suis dans le rouge. Arrivé dans le haut du village,
les flèches nous guident vers une descente ? En effet, les organisateurs
ont prévu l'arrivée en pleine descente, raide sur une piste cailloteuse,
avec des rigoles de pluie à sauter, afin de profiter au mieux de notre
arrivée. Nous pestons contre eux de nous avoir fait monter ces derniers
100m pour redescendre ensuite. Mais que c'est bon après coup!
Dans la descente j'ai repassé ma compagne qui est plus prudente. Nos
noms sont annoncés mais nous ne cherchons pas à nous disputer
la place : nous passons la ligne ensemble, en à peine plus de deux heures.
Perroux arrive environ 20mn après. Sa femme est contente de le voir
arriver en bon état!, ce qui n'est paraît-il pas toujours le cas
après certaines courses. Je lui fait part d'une douleur aux ischio-jambiers
qui s'est réveillé dans les derniers kilomètres, il me
dit qu'il m'enverra une ordonnance pour quelques séances de kiné.
Sympa non ?
Voilà, une distribution de lots pout tous les participants, avec les
noms et temps de chacun. Vous immaginez cela au Marathon de Paris ?
* Pour en savoir plus sur le coin, s'adresser à Robert, qui a passé son enfance au pied du mont qui porte son nom (Mt Charvin - 2204m)
Yves.