Par Odile HERVE-JOUSSE dite Damodile
LA QU'IL FAUT COMMENCER QUAND ON VEUT S'Y ESSAYER
Lors de la sortie de dimanche dernier, juste avant un pince-fesses avec les édiles de la commune chez la Présidente (encore merci), il m'a été signifié que " Quand on fait quelque chose, on doit l'écrire dans la gazette du JDM !". Dénoncée depuis belle lurette par mon compagnon de routes et de chemins - j'ai nommé Marc Ammerich (on est toujours trahi par les siens) - d'avoir " fait un podium " à Saint Chéron, je m'acquitte derechef de mes obligations narratives.
Saint Chéron, qu'est-ce que c'est ? Comment ça marche ?
Il s'agit en fait d'un biathlon* et d'un triathlon** organisés par les communes de St Chéron, Breuillet et Sermaise dans l'Essonne. Non répertoriés par la Fédération Française de Triathlon, et ne proposant aucun intérêt palpable, ni en prix ni en gloire, ils n'attirent que les sportifs de la région, triathlètes ou non, qui les connaissent par le bouche à oreille. Grâce à quoi on y voit un joyeux mélange de gens de tous âges et de toute condition sportive s'élancer sur des distances qui, de toutes façons, ne feraient de mal qu'à un moribond, et encore ! Autant dire que tous les JDMistes pourront le faire l'an prochain, même avec le sandwich rillettes dans les sacoches (ce qui me permettra de remporter une deuxième coupe vu que j'ai, moi, un vélo de compétition … hé, hé …).
Marco et moi étions donc inscrits à ce premier tri de l'année par l'intermédiaire de l'ASCEA de Fontenay, notre club secondaire (on en a aussi un prioritaire + le JDM … on dirait qu'on bouffe à tous les râteliers …). Et puisqu'on sait déjà que j'ai triomphé en vétérane, je dois immédiatement ajouter que l'ASCEA s'est distinguée par deux autres experts, l'un vétéran, l'autre sénior, ainsi que par une féminine sur le biathlon.
Et tout d'abord, remarquons que nous avons bénéficié d'une chance inouie : non seulement il n'a pas plu ce dimanche matin, mais encore nous avons couru sous le soleil ! ! !
La natation (500 m) avait lieu dans la piscine de Breuillet, en pleine campagne. L'eau transparente éclairée par la lumière printanière était en soi un vrai plaisir. A pas plus de trois par ligne, on ne se gênait pas, même avec les brasseurs. Comble de joie, je ne suis pas sortie la dernière de ma série (Marco est sorti premier de la sienne), ce qui est déjà extraordinaire quand on sait que je suis à la natation ce que l'escargot est à la compétition pédestre. La partie vélo (20 km) nous faisait prendre la D 82, passer par Villeconin puis la côte de Montflix. Je conseille à ceux qui ne connaissent pas cette petite route d'aller s'y balader en famille un dimanche après-midi : verdure, calme, églises à visiter … les vacances à deux pas.
Grâce à ma machine à plein de vitesses et à mon super entraînement de l'année dernière (pour cette année, n'en parlons pas), je remonte quelques concurrents qui regardent, un peu vexés, une nana les dépasser (qui plus est une vieille). Du coup, ils essaient de prendre ma roue, mais moi, rien du tout, je me faufile dans le vent qui fait face. Un jeune en VTT m'aura quand même draftée*** sur la moitié du parcours, ce qui est en principe prohibé sur le triathlon, sport individuel. Malgré un petit avertissement, il ne comprend pas. Bah ! Qu'importe !
Lorsque je commence la course à pied, je croise Marco qui me lance " Ca va te plaire : c'est pratiquement que du chemin ". De fait, sur les 5,6 km, il y en a bien 4 en sous-bois. Le profil consiste essentiellement en une montée puis une descente. Il y a un peu de boue par endroits … rien qu'on ne sache désormais parfaitement maîtriser.
Quel temps ai-je mis ? Aucune idée car je n'avais pas pris mon chrono et, quant à mon compteur vélo, je ne l'avais pas remis à zéro avant de partir (au classement : 1h29'). Entre la compétition et moi, il y a comme un décalage.
Mais le plus important est que nous avons trouvé, sur ce triathlon champêtre et quasi clandestin, une ambiance comme on les aime : bon enfant, généreuse et authentique, bien loin des vanités vaines ; une organisation sans faille dont certains pourraient s'inspirer, notamment en matière de fléchage et de sécurité pour les participants. Beaucoup de bénévoles, également, ce qui prouve une mobilisation large de la population autour de cette petite fête où on nous propose des ravitaillements au-delà de nos besoins et, avant la remise des prix, un apéro très sympathique.
Si je vous raconte tout cela, c'est que dimanche dernier, plusieurs personnes qui ne m'avaient jamais vue m'ont déjà parlé de triathlon (les réputations se défont-elles aussi vite qu'elles se font au JDM ?). Et pour ceux et celles que cela chatouille de s'essayer au triple effort, cette petite compétition me paraît idéale par sa proximité et par son sérieux, alors que, justement, personne ne semble s'y prendre au sérieux.
* biathlon : en l'occurrence, vélo et course à pied
** triathlon : natation, vélo, course à pied
*** collé à la roue, il bénéficie de l'aspiration et gagne environ 30 % d'effort